POESIE DICTEE PAR JBML


BONTÉ

 

Ce n'est pas à tes yeux que je veux apparaître,

Et c'est ton cœur, lui seul, qui doit me reconnaître.

L'homme m'a salué de ce titre : Bonté.

Si tel est le malheur, je suis l'humanité.

 

Mon âme, c'est l'amour, mon ennemi : la haine.

Et ton Dieu m'a donné l'Univers pour domaine.

Aux œuvres de Satan, j'oppose la vertu,

D'un pouvoir qui jamais ne peut être abattu.

 

Le crime devant moi s'effarouche et recule

Comme un fauve apeuré qu'une étreinte jugule.

Je suis la délivrance et la fraternité ;

J'ai l'âme pour demeure et je suis la Bonté.

 

Souvent sur la douleur tu peux me voir penché.

Je deviens la rosée pour la fleur desséchée.

Je suis un peu le cœur de toutes les mamans ;

L'amour dans les serments qu'échangent les amants.

 

J'enrichis le passé des géants de l'histoire ;

J'ajoute la grandeur aux chartres de la gloire.

Vois les siècles enfuis dans l'orbe du Destin ;

Vois les saintes cités où le Galiléen

 

Fait au-dessus des fronts le geste qui pardonne ;

Vois : me reconnais-tu dans le Dieu qui se donne ?

Je suis Celui qui fut l'Enfant de Bethléem.

Écoute moi parler aux foules de Sichem.

 

Du Verbe de Jésus j'exalte les paroles

Et dans l'auguste Voix je mets les paraboles.

Dans l'ombre de la Croix, j'incarne la bonté ;

J'unis le Sacrifice à l'Immortalité ;

 

Aux frères ennemis, j'ordonne la Concorde ;

J'enchaîne le bourreau ; je crie : Miséricorde !

Non : tu ne tueras pas ! Ces mots je les inscris

Dans l'ordre de Moïse au crêt du Sinaï.

 

Messagère de paix, je vais de ville en ville ;

Je pacifie le Monde au nom de l'Évangile.

Je suis le confident aux instants douloureux,

La pitié, le secours envers le malheureux.

 

Dans les cœurs déchirés, j'apaise la souffrance.

Au foyer dévasté, j'apporte l'espérance.

Pour la main qui se tend, je suis la charité

Mais ne sachant qu'aimer, je n'ai qu'un nom : Bonté.

 

Jean-Bernard MARY-LAFON