Membres et Invités étant réunis, le Président prie le médium de faire "l’Appel". Le Médium ne dispose d’aucun matériel spécial sinon d’une table en bois, légère, genre guéridon, devant laquelle il se place. Il ne recherche aucun état physique particulier. Ni lui, ni les membres, ne récitent ou ne chantent d’incantations ou de prières et, seul, il met les mains sur le guéridon.
Le salon, où la séance a lieu, est normalement éclairé ou soumis à la lumière du jour. D’ailleurs, suivant les circonstances fortuites, les séances se sont tenues de jour ou de nuit, en des salles fermées, des habitations particulières, en plein air, et par exemple dans les salons de la Maison des Spirites, 8 rue Copernic, Paris – les plus nombreuses -, chez des membres du G.E.P.P, dans diverses communes de la banlieue, en province (Morbihan, Tarn). Ainsi, quel que soit le lieu, quelles que soient l’heure et la lumière, JBML est toujours venu sur l’appel de son médium Gaston Beau et, ceci, très fidèlement depuis 1928.
Mr Beau se concentre un instant, fait un signe, une croix sur le guéridon et, mentalement, appelle J.B.M.L. Désormais, et jusqu’à la fin de la séance, il ne fera plus cesser le contact entre le corps, main, bras, genou ou jambe et le guéridon ; il conservera librement avec les personnes présentes pendant la période précédant l’arrivée de J.B.M.L et parfois, même pendant la séance si l’occasion s’en présente, il sucera éventuellement un grain de réglisse ou boira un peu d’eau pour sa gorge.
Dès l’appel, la pensée de Mr Beau va cheminer vers son but : l’âme-esprit de JBML ; JBML était encore inconscient de l’appel, mais, dès le contact établi, l’ami de l’au-delà se dirige vers le but terrestre qu’il a décelé, et ceci par sa simple volonté.
Le temps d’attente qui s’écoule entre l’appel et l’arrivée attendue est de 30 mn, laquelle se manifeste brusquement par le basculement du guéridon sur deux pieds.
JBML a d’ailleurs indiqué que l’énergie du choc dû à sa vitesse énorme serait dangereuse pour le médium et qu’il l’amortit par passages successifs dans le sol, règne minéral, puis dans le guéridon règne végétal et enfin dans le corps physique du médium, règne animal. "L’animal, c’est moi" ! dit, non sans humour, Mr Gaston Beau.
Tandis que les assistants en témoignage d’accueil, se déplacent afin d’aller poser une main sur le guéridon, et que celui-ci s’incline vers chacun d’eux, le président accueille le Maître et Ami, prononce quelques paroles de bienvenue, signale les absences excusées ainsi que les noms et qualités des invités, s’il y en a. Dans le silence, chacun écoute alors la dictée de l’exorde et s’efforce d’écrire les lettres dictées par le Médium.
Dès ses premières "communications" avec les "amis terrestres", JBML considérant la méthode typtologique, par coups frappés, comme difficile, lente et incertaine, a mis au point une méthode de dictée à laquelle s’est prêté Mr Beau. Cette méthode a pour but, et pour mérite, d’être précise et d’éviter l’interférence mentale du médium. La communication de JBML aux assistants se fait lettre par lettre, prononcées par le médium ; l’esprit de ce dernier est entièrement accaparé par la transmission des lettres et ne peut être tenté de les relier mentalement et, même inconsciemment, de former des mots et des phrases, donc d’essayer de comprendre le sens du message, au risque de le déformer par intervention mentale.
Pour chacune des lettres épelées, le Médium a conscience de la dictée intérieure d’un alphabet : a, b, c,etc. Il ne voit pas mentalement ces lettres, il ne les entend pas en lui, mais il dit avoir conscience de leur défilement. Simultanément, ses mains vibrent sur le guéridon jusqu’à ce qu’une brève interruption de ces vibrations signale la lettre à énoncer. Et cela recommence à raison d’environ 1 lettre épelée toutes les 2 ou 3 secondes dans les passages lents, et jusqu’à deux lettres au moins par seconde dans les passages rapides.
Certains mouvements provoqués constituent des conventions pratiques entre JBML et Mr Beau ; ils indiquent les apostrophes, les fins de phrases ou de paragraphes, les lettres majuscules, etc. Mais ne sont dictés ni les accents, ni les signes de ponctuation sauf lorsque cela risque d’amener quelque confusion ou difficulté dans la reconstitution des phrases, et alors les expressions, accent aigu ou grave, point d’exclamation ou d’interrogation, point ou point-virgule sont dictés à leur tour lettre par lettre.
Ainsi l’ami immatériel, l’âme-esprit de celui qui fut Jean-Bernard Mary-Lafon est là, présente mais invisible, et réside dans le corps physique de Mr Gaston Beau. Mais il n’y a pas, pour autant, éviction des principes conscient, intelligent et sensible du médium. Il y a "duplication de ces principes" et, si JBML utilise vue, ouïe, cerveau du médium et détient le commandement, quant à sa dictée, de certaines facultés comme celle de la parole avec le fonctionnement des poumons qui le permettent, tout ceci n’empêche nullement le médium d’avoir ses propres réactions visuelles, auditives, intelligentes, vitales en somme. Il les manifeste vis-à-vis de lui-même, des assistants et, parfois, de JBML lui-même lorsqu’il prie celui-ci de ralentir la cadence de dictée ou d’intensité de la parole car c’est cela, et uniquement cela, qui le fatigue parfois, et alors JBML en tient compte. Il est même arrivé qu’il interrompe la dictée parce qu’il sent la fatigue de son interprète et, après un petit temps d’arrêt, ce dernier dit : "ça s’est arrêté".
La durée des séances s’est élevée jusqu’à 5 à 7 heures dans le passé en 1963, elles dépassent rarement deux heures et demie (influence chez le médium d’une bronchite chronique, surtout l’hiver).
Par un mécanisme que nous ne pouvons encore expliquer, JBML emprunte donc partiellement les facultés réceptrices et motrices du médium sans cependant le priver de ces mêmes facultés. En fait, si l’on présente un texte ou une photographie au médium en séance, JBML en prend connaissance ; de même qu’il entend, comme le médium, la question qui lui est posée verbalement par un des assistants. Et la réponse y est aussitôt faite, toujours par lettres successives, rapide, précise, judicieuse et dans un français clair, élégant, exempt de fautes. Une fois celle-ci terminée, ce dont on est avisé par le rejet énergique du guéridon sur ses pieds, le moment est venu de contrôler le texte. A ce moment, l’un des membres qui a pris la dictée, le scripteur, relie le texte à haute voix, avec la ponctuation. Il demande parfois une confirmation ou une explication sur le texte lui-même.
JBML répond et complète s’il y a lieu. Et si une erreur s’est produite, JBML intervient par le médium et redit exactement ce qu’il avait dicté, ou bien il introduit une explication ou une légère correction. Tout ceci se passe dans une atmosphère fraternelle de coopération et avec le désir d’être exact, précis, clair.
Quelquefois, c’est JBML qui pose une question à l’un ou l’autre des auditeurs, puis leur donne la réponse s’il y a lieu. Les citations latines sont fréquentes comme le rappel des opinions de certains philosophes ou savants.
L’exorde une fois terminé, et si JBML ne dicte pas un "cours", auquel cas celui-ci aurait naturellement la priorité, les assistants sont autorisés, et parfois priés, d’énoncer les questions auxquelles ils aimeraient avoir une réponse.
Quelles questions ? Celles qui les préoccupent dans les domaines philosophiques, métaphysiques, scientifiques, culturels, ou même d’autre nature. Plutôt que d’enseigner "ex-cathedra", JBML traite des problèmes adaptés au développement spirituel et intellectuel de la personne qui a rédigé la question ; ainsi sa réponse touchera mieux l’esprit à qui elle est destinée et, simultanément, les collègues qui participent aux mêmes recherches.
Mais il faut que la question soit nette, concise, précise. Le Maître ne se considère pas comme obligé de fournir des renseignements ou des compléments circonstanciés. Il ne s’oppose pas à revenir sur le sujet, et même il le préfère parfois. Il répond dans les limites de ce que l’esprit humain peut concevoir, de ce qu’il, lui JBML est apte à connaître, de ce qu’il peut révéler en tenant compte du grand déterminisme universel. Bien souvent, et de lui-même, il déborde du problème limité ou incomplètement formulé, qui lui est soumis pour s’élever vers des aperçus jusque-là insoupçonnés, ou répondre d’avance à des questions complémentaires.
Une chose est frappante : c’est que l’enseignement ainsi dispensé est d’un tout autre ordre de profondeur que ce que pourraient fournir les connaissances du médium ou celles des membres et invités. Les explications simplistes que suggèrent de nouveaux venus, aussi bien que celles qui sont proposées avant examen impartial des faits, s’avèrent insoutenables. Il en est ainsi des hypothèses souvent avancées et telles que celles-ci :
- « Le médium dicte lui-même les réponses ». Noter qu’il n’a pas connaissance des questions avant la séance, et quelle que soit l’ampleur des problèmes soulevés. Ceci ferait preuve de sa part, de connaissances universelles, de jugement et de qualités littéraires qu’envisageraient de nombreux philosophes et savants. D’ailleurs, savant ou non, qui est capable, sans faire de faute, de dicter, lettre par lettre un texte irréprochable et non préparé ?
- « Le médium "lit", consciemment ou non, dans l’esprit des assistants les réponses qui conviennent ». Personne n’a jamais décrit en détail ni expliqué le mécanisme de ce prétendu processus, ni indiqué pourquoi, dans le cas JBML, les réponses sont si riches de substance, ni si souvent imprévues ; pourquoi elles sont fréquemment opposées à la mentalité et aux connaissances de la plupart des assistants ; ou pourquoi encore elles sont parfois inconnues d’eux en dépit de leur spécialisation.
- « Le médium cherche et trouve, même en dehors de l’assistance, les notions qu’il exprime ensuite en les dictant ». S’il en était ainsi, il y aurait là un merveilleux système de communication et de transmission de pensée, laquelle serait ainsi démontrée alors que d’innombrables expériences, telles celles de Phine, de Warcollier, à l’Institut Métaphysique International, n’ont pas permis de la prouver sans discussion, mais seulement de la pressentir. Ce serait un extraordinaire moyen de prospection individuelle des cerveaux d’autrui si, seulement, un tel mécanisme était concevable…
- «Un esprit trompeur jouerait son rôle et, grâce au médium nous tromperait en faisant preuve d’une fidélité, d’une complaisance, d’une amabilité apparente en étalant des connaissances quasiment illimitées, dans un système logique et cohérent, qu’il mettrait ainsi à la portée des humains». Mais alors son enseignement, tout empreint d’une infinie révérence vers Dieu et de respect en la mission de Jésus, tout imprégné de conseils moraux de haute valeur, ferait de l’Entité ainsi manifesté "un bon diable".
En contrepartie, JBML s’est nommé ; il a fait état de son existence terrestre ; il en a donné des détails ; il a fourni des renseignements sur son existence actuelle, sa localisation normale dans l’espace. D’autre part, soixante ans de messages ont bâti une doctrine élevée, cohérente dans son ensemble et d’une grande logique. De plus, et lorsque cela lui a été demandé, il a dicté des diagnostics relatifs à des désordres personnels de santé très variés et proposés des remèdes éminemment efficaces ; il s’agit en l’occurrence de produits modernes et, parfois, de prescriptions qui sont en désaccord avec la Faculté mais s’avèrent cependant bénéfiques.
Certes, nul ne l’a vu, et pour cause, nul ne l’a senti matériellement. Il faut admettre qu’une preuve indiscutable et palpable n’existe pas. Les négateurs opposent, avec une subtilité bien supérieure à celle de toute évidence rationnelle, des arguments ressassés et nantis, à leurs yeux, d’une valeur "définitive" alors qu’elle n’est que sentimentale et subjective. Ils négligent sciemment l’objectivité des faits observés et patents.
Les membres du GEPP justifient leur conviction par la répétition constante du fait constaté, laquelle serait inconciliable avec la non-présence d’un être pensant et immatériel, ou les présences successives d’êtres divers. Ils insistent sur la cohérence du caractère de l’entité et celle de ses enseignements. Ils considèrent comme valable l’affirmation de cette entité sur son identité, témoins qu’ils sont de sa bienveillance manifeste et de la vérité dûment constatée de bon nombre de ses affirmations et révélations. D’autre part, de nombreux incidents de séances prouvent aux membres qu’ils ont en face d’eux, et coopérant avec eux un être droit et franc, qui remplit une haute mission. Il est direct et formel dans ses affirmations, sa volonté est forte, ses opinions sont nettes quoi qu’exprimées avec un grand souci de courtoisie et de manière à éviter tout heurt inutile de sentiments ou de conviction.
Lorsque les échanges de questions et de réponses ont duré un temps compatible avec la fatigue du médium, l’attention des assistants et l’heure tardive, le Président de séance remercie JBML et les autres membres, en signe d’adieu, posent à leur tour les mains sur le guéridon et celui-ci s’immobilise. JBML regagne la région qu’il hante habituellement, aux confins du système solaire.
Les membres échangent idées et impressions sur la séance pendant que l’on s’efforce d’en établir un compte-rendu fidèle et précis.
Deux magnétophones enregistrent pendant la séance. L’un d’eux garde un témoignage de la séance complète (Mr Guyot), l’autre (Mr Boyer) sert surtout à retrouver les paroles prononcées par les membres lors de l’accueil du Maître, les questions et les propos échangés entre le Maître et les membres lorsque la séance prend l’allure d’une "conversation", d’un échange de vues. Il n’y a pas de sténographe présente ; le magnétophone permet de reconstituer l’atmosphère exacte qui régnait et jusqu’à l’intonation même de celui qui parlait, en donnant l’illusion d’une réponse vivante. On constate par exemple que les paroles du médium sont "imprégnées" du "sentiment" ou de la "volonté" de l’âme incorporée en lui.
La réunion des paroles du Maître, d’une part, et de celles du Président et des membres qui sont intervenus forme le compte-rendu. Un tirage provisoire et limité en est fait, dont les exemplaires sont envoyés respectivement, pour vérification, à Mr Beau, au Président, au Scripteur et à quelques membres.
Le médium ayant rappelé JBML, il parcourt des yeux, il lit le texte afin que le souhait du Maître soit exaucé, c’est-à-dire ne mettre en circulation que des textes exacts et fidèles.