Biographie tirée de la séance privée 154 bis du 26/02/1960 :

 

GUYOT : J’avais prié Monsieur Beau de bien vouloir me résumer ses impressions de médium. Il a eu la gentillesse de répondre à ma demande et il va lui-même vous lire les notes qu’il m’avait préparées.


Gaston BEAU : L’esprit désincarné que j’évoque par le moyen de l’expérimentation spirite est celui de Jean-Bernard MARY-LAFON, éminent historien, journaliste, romancier et poète, qui naquit en 1810 à Lafrançaise, bourgade du Tarn-et-Garonne et qui mourut dans sa propriété du Pamier, près de Montauban. La vie de J.B.M.L. fut active, bien remplie et, aujourd’hui son esprit survivant se consacre à une mission, riche d’enseignements qui parachèvent l’œuvre du vivant.

C’est l’esprit de J.B. MARY-LAFON que depuis la fin de l’année 1928 j’évoque régulièrement en me servant d’une méthode spirite qui se différencie, quelque peu, de la pratique courante.

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Entre l’instant de l’appel et celui de l’incarnation de J.B.M.L. dans mon substratum corporel, une demi-heure s’est écoulée. Ce temps peut varier de quelques secondes, en raison du fait que l’âme de J.B.M.L. n’occupant pas un point fixe dans l’espace n’est parfois rejointe par la pensée évocatrice qu’avec un retard n’excédant jamais une minute.

 Je ne voudrais pas compliquer la question en introduisant des détails qui ne sont pas indispensables à l’explication en cours, mais je dois préciser que, contrairement à ce que l’on est quelquefois tenté de supposer, l’entité évoquée ne s’incorpore pas dans le bois du guéridon mais bien dans la forme somatique du médium. Les qualités médiumniques de celui-ci seront d’autant plus valables qu’elles résulteront de facultés extrasensorielles et d’une passivité éprouvées par toute une suite d’expérimentations.

Le Médium est une sorte de clavier psychique qu’anime l’esprit incarné temporairement en lui. En la circonstance, les mains du médium agissent comme des antennes émettrices durant l’appel et réceptrices tout au long de la manifestation spirite, ceci pour la raison que ces mains transmettent au guéridon les impulsions dirigées par l’âme duplicative, en l’espèce celle de J.B. MARY-LAFON.

L’appel est très simple. Tout d’abord étant chrétien, j’esquisse discrètement un signe de croix sur le plateau du guéridon et, en même temps je prononce, à voix basse, le nom de Jean-Bernard Mary-Lafon. Dès cet instant mes mains en imposition ne doivent plus perdre le contact avec la table.

Après un minimum de 30 minutes et sans qu’il soit nécessaire de soutenir l’appel par un quelconque effort cérébral, l’esprit évoqué se manifeste en imposant à la table une inflexion. A partir de cette seconde l’âme de J.B.M.L. se surajoute à la mienne et commande mon système musculaire pour produire des oscillations, pour animer, selon le rythme voulu, le guéridon.

L’esprit semble se mouvoir avec aisance durant le temps de son incarnation et à l’appui de cette impression on doit reconnaître qu’il ne provoque aucun trouble physiologique dans l’organisme qu’il hante momentanément.

En ce qui concerne ma pratique de médium, la difficulté qui domine toutes les autres est celle que représente une dictée qui est transmise alphabétiquement, chaque lettre devant être saisie en exacte coordination avec les interruptions qui suspendent, pendant un fugitif instant, le déroulement des oscillations dont le guéridon est animé. Aussitôt la lettre annoncée, l’alphabet est repris à son ordre normal en recommençant par la lettre "A". Je ne vois, ni n’entends les lettres ; l’alphabet est pensé ; il n’est ni visuel, ni audible pour la perception sensorielle. Cette méthode permet de réaliser, avec précision des dictées rapides. La ponctuation grammaticale est assurée par le moyen de signes conventionnels. Le point est annoncé par une légère inclination du guéridon vers moi ; pour le point à la ligne cette inclination est plus prononcée et alors le guéridon se penche franchement sur moi. Pour spécifier une lettre majuscule, l’épellation est suivie d’une inclination rapide vers moi. L’apostrophe est donnée par une inclination latérale gauche. La fixation des mots entre des parenthèses ou des guillemets se fait par épellation accélérée du terme (parenthèse) ou du terme "guillemets".

A ma connaissance, ce processus expérimental n’a pas encore été mis en pratique dans d’autres centres spirites, ce qui fait penser que l’esprit de J.B.M.L. a innové en cette matière. Il donne à ce propos, l’explication suivante : Les textes qui sont communiqués par l’épellation, comportent un mécanisme qui accapare suffisamment le cerveau du médium pour le neutraliser et de telle sorte qu’il soit dans l’impossibilité de substituer ses propres idées, ses impressions personnelles à celles de l’esprit évoqué.

La première communication de J.B.M.L. remonte à la fin de l’année 1928 et c’est en cette circonstance que l’interprétation du texte fut obtenue, non pas au moyen de la typtologie courante, celle que j’employais jusqu’alors et qui consiste, pour le guéridon à frapper les lettres de l’alphabet.

Je ne crois pas nécessaire de faire l’historique de ma pratique spirite, laquelle a débuté au temps de ma prime adolescence. Les esprits qui en cette époque, déjà lointaine, me visitaient étaient on le conçoit aisément, à l’envergure bien modeste de leur juvénile évocateur. Plus tard ma profession de cuisinier, la guerre 14-18, la famille, posèrent pour moi des problèmes quotidiens et matériels qui ne me laissaient que bien peu de temps pour me consacrer à des expériences, que je considérais, alors, comme une distraction.

Ma vie prit un sens nouveau dès les premiers contacts avec l’esprit-maître qui chez des amis André DURAND et Émile FRANÇOISE se révéla, sous le signe de l’amitié, comme une brillante personnalité, dont l’œuvre post-mortem, dictée et transmise, médiumniquement, lettre par lettre a pour titres : La Formation du Monde; la Trilogie; la Science moderne, écueil de la Civilisation ; ceci, sans souligner l’importance de toute une suite d’exposés scientifiques, philosophiques et littéraires qui démontrent la maîtrise de leur auteur.

Aujourd’hui, après avoir établi le compte de mes entretiens avec l’esprit de Jean-Bernard Mary-Lafon et puis aussi, avec ceux qu’il considère comme ses célestes amis, je peux me prévaloir de vingt mille heures de coexistence, de conversation, d’interprétation spirite qui témoignent de cette réalité : la survivance de l’Esprit.